ISABELLE YACOUBOU SUR LA MATERNITÉ : « LA SOCIÉTÉ A COMPLÈTEMENT ABANDONNÉ L’ATHLÈTE DE HAUT NIVEAU FEMME

Podcast Championnes du Monde – En parallèle des récentes discussions sur la maternité des sportives, la basketteuse Isabelle Yacoubou s’est confiée sur son parcours complexe et contrarié de maman athlète, entre immenses bonheurs et sentiment d’abandon. Cet épisode de Championnes du Monde est à retrouver en podcast. Un échange réalisé par Cléo Hénin.

Le 6 mars dernier, la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra organisait une matinée de débats sur le sport féminin à la maison du handball située à Créteil. Parmi les sujets abordés : la situation des sportives de haut niveau qui choisissent de devenir mère pendant leur carrière. Un vaste sujet quand on sait qu’aujourd’hui, seule la fédération française de handball garantit aux joueuses un maintien de leur salaire pendant un an en cas de grossesse, grâce à la signature d’une convention collective en 2021.

Isabelle Yacoubou, ancienne pivot de l’équipe de France de basket (147 sélections) et vice-championne olympique en 2012, a connu cette situation puisqu’elle est maman de deux enfants : un fils adopté au Bénin en 2015 et une fille qu’elle a portée, née en 2019.

Si son envie d’être maman se fait sentir jeune et au sommet de sa carrière, son entourage sportif se montre plutôt réticent. « Pour les dirigeants, les supérieurs et même certaines collègues c’était : ‘mais comment tu vas faire pour gérer ça’, alors que pour moi ce n’était pas du tout un sujet », explique-t-elle. À l’arrivée de son fils, son club italien de l’époque se montre à l’écoute et arrangeant : « Mon fils venait en déplacement avec nous, ce n’était pas un problème. Pendant les matches, c’était même parfois le directeur sportif qui le gardait et ils l’ont totalement intégré à l’équipe », se réjouit-elle. Mais la situation devient beaucoup plus compliquée lors de la grossesse à risque de sa fille, qui nécessite alors un arrêt total du sport et donc, de sa rémunération : « Tu passes neuf mois à une année où tu as zéro rémunération. Je n’étais pas à la rue, mais ça aurait pu tout de suite devenir une situation précaire si ça avait été une jeune athlète au début de sa carrière ou quelqu’un qui n’a pas gagné beaucoup d’argent », déplore-t-elle. Même si « on ne devrait pas être en train de parler aujourd’hui, en 2023, de femmes qui travaillent et qui sont mamans », la basketteuse de Chartres admet que « ça avance ». Des représentantes de la Ligue féminine de basket ont d’ailleurs expliqué lors de la matinée de débats du 6 mars vouloir conclure leur convention collective, intégrant des dispositifs.

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